<< articles de presse 

  L'Ordre sanctionne l'avocat poil à gratter
Me Mery irrite le barreau de Paris, qui ramenerait bien le trublion à la raison

"Comment pouvez-vous prendre la défense de ce malade mental qui nuit à la justice à notre profession ?"
Face à l'indignation de certains de ces confrères, Me Bernard Jouanneau n'a pas d'état d'âme : "C'est mon métier". Son client, Bernard Méry est lui aussi avocat à Paris. Enfin, plus pour l'instant : l'ordre des avocats l'avait radié en décembre, la cour d'appel, plus amène, s'est contentée de le suspendre avant-hier pour un an.
"Courbettes". On reproche à Me Méry des manquements répétés "à la délicatesse, au tact et à la modération". Ces termes ne sont pas inscrits dans la loi, mais ils figurent dans le règlement intérieur du barreau comme base pour des poursuites disciplinaires. Me Jouanneau peste avec son client contre ces règles de bienséance : "Sous prétexte de se faire des courbettes, on se tape dans le dos." Concrètement, on fait grief à Me Méry de ce qui est devenu, au fil des années son fonds de commerce : la mise en cause personnelle de magistrats et autres professionnels du droit. La récusation d'un juge est un droit, mais peu utilisé par les tenants de la "délicatesse, du tact et de la modération". Me Méry justifie son particularisme : "Je ne plaide pas avec une mitraillette, mais avec mon coeur et mon code pénal". "Il met systématiquement en cause les gens qui ne sont pas de son avis, résume l'avocat général, Mme Girardin, y compris les magistrats qui ont rendu des jugements qui lui sont défavorables." En cas d'embrouille judiciaire, Me Méry a tendance à voir l'ombre de la franc-maçonnerie. Parfois à raison, parfois à tort, tout est affaire de proportion. Emporté par son élan, il se livre aussi à de détestables attaques personnelles, au faciès : "Face rougeaude de maréchal-ferrand", "visage batracien"... "Excès de plume, travers de langage", tente de tempérer Me Jouanneau.

Dans cette procédure disciplinaire, il est peu question du contexte parfois très particulier dans lequel se débat Me Méry. L'ordre des avocats l'a radié, entre autres motifs, pour avoir mis en cause le président de la cour d'appel de Saint-Denis de la Réunion. Ce dernier avait la fâcheuse habitude d'ajouter six étoiles de David ans ses ordonnances concernant une personne au patronyme juive (Djoulizibaritch). Pour cet extravagant acte antisémite, le haut magistrat a simplement été muté à Toulouse. Pour s'en être offusqué, Me Méry, lui, va peut-être devoir quitté sa robe. A Bayonne, à l'issue d'une audience houleuse, le président du tribunal ordonne à un huissier de suivre Me Méry dans la rue pour consigner tout propos désobligeant à son endroit...
Cette anecdote est plus amusante, mais elle démontre que, si "malade mental" il y a, il n'est pas toujours seul.
L'autre cheval de bataille de Me Méry concerne le "visa" du barreau. Article 13 du règlement intérieur : en cas de plainte concernant "tout membre du corps judiciaire ou du gouvernement", l'avocat du plaignant est tenu d'en référer à son ordre - pour un filtrage qui ne dit pas son nom.
"Mascarade". Avec d'autres, Me Méry a obtenu - de haute lutte judiciaire, en avril 1995 - que ce visa soit déclaré illégal, en ce qui'l constitue une pression sur avocat. Le barreau a persisté, en se contentant de retoiletter l'article 13 en un nouvel article 31. "Une mascarade", s'exclame Me Jouanneau. En octobre 2001, Me Méry avait écrit au bâtonnier de Versailles qui souhaitait lui imposer son visa : "Vous devriez consulter"... Nouvelle impertinence, nouveau motif de radiation. Plu